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Pendant tout l’été, Auch capitale mondiale de la plume aztèque


Du 4 juin au 25 septembre 2022, le musée des Amériques–Auch expose un tableau de mosaïque de plumes mexicain du XVIe siècle.

En 2019, le musée du quai Branly – Jacques Chirac a pu acquérir, lors d’une vente à Drouot, un très exceptionnel tableau de plumes représentant « le Christ bon pasteur et deux scènes de la vie de Saint Jean-Baptiste ».

Probablement réalisée pour une commande princière à la fin du XVIe siècle au Mexique, cette œuvre est unique par son iconographie, sa finesse d’exécution et son exceptionnelle conservation. Il s’agit incontestablement d’un chef-d’œuvre de l’art plumassier colonial mexicain. Pour la première fois, cette pièce magistrale est présentée au musée des Amériques-Auch. Elle rejoint les sept autres plumasseries de la collection auscitaine pour former, le temps d’un été, l’un des plus beaux ensembles mondiaux jamais constitué.

Avec les musées de Madrid en Espagne et de Vienne en Autriche, Auch possède l’une des plus remarquables collections de tableaux de plumes au monde. Sa pièce maîtresse, la Messe de Saint-Grégoire, datée de 1539, est considérée comme le plus ancien tableau chrétien d’Amérique

L’art de la plumasserie a joué un rôle majeur dans les sociétés précolombiennes. Les plumes précieuses revêtaient une dimension hautement symbolique. Elles étaient étroitement associées au monde céleste, aux dieux et aux mythes fondateurs. Aussi, leur usage était soumis à de puissants interdits et seuls les caciques, les grands prêtres et les chevaliers pouvaient les porter. Les premiers évangélisateurs surent habilement en tirer profit en détournant le caractère sacré des plumes au profit du message chrétien. L’objectif des religieux étant de se servir d’un matériau chargé de sens pour les Indiens afin de faciliter leur adhésion à la nouvelle religion.

C’est ainsi que dans le creuset fertile de la Nouvelle- Espagne émerge un art « métis » unique dont les tableaux de plumes demeurent encore aujourd’hui les plus resplendissants témoignages. En raison de leur fragilité, très peu d’entre eux ont survécu. On en décompte aujourd’hui moins de 160 dans le monde dont une dizaine dans les collections publiques françaises (musée des Amériques-Auch, musée du quai Branly-Jacques Chirac, musée national de la Renaissance d’Ecouen).

Le musée des Amériques–Auch et le musée du quai Branly–Jacques Chirac ont déjà eu l’occasion de mettre en commun leur savoir-faire à la faveur de l’exposition « Plumes, visions de l’Amérique précolombienne », présentée au musée du quai Branly–Jacques Chirac en 2016, en partenariat avec le Musée des Amériques – Auch et l’Agglomération Grand Auch Cœur de Gascogne.



L’œuvre se distingue de ce type de production par le nombre de personnages représentés. Les figures et les scènes, traitées avec un grand naturalisme, se démarquent en outre par l’attention minutieuse accordée aux détails (éléments d’architecture, paysage…) et la qualité de la réalisation de la mosaïque de plumes qui révèle le savoir-faire exceptionnel de l’artisan plumassier mexicain. De petites dimensions, le tableau serait un objet de dévotion, fait pour être vu agenouillé. Parmi le corpus très restreint de pièces de ce type conservées au monde, il s’agit incontestablement de l’un des plus beaux tableaux de plumasserie coloniale mexicaine.

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